PREVENTION des INCENDIE et SENSIBILISATION du PUBLIC

Avant-propos:  

Les pompiers sont appelés à intervenir lors d’incendies ou dans d’autres situations dangereuses qui auraient pu être évitées si le(s) responsable(s) ou le public avait mesuré toutes les conséquences des risques encourus. Toute personne est en effet susceptible de jouer un rôle de premier plan dans le domaine de sécurité. C’est pour cela que les citoyens doivent connaître les besoins à satisfaire et être capable d’évaluer convenablement les risques potentiels liés aux situations auxquelles ils pourraient être confrontés et ce, afin d’y apporter les mesures correctives. Aussi dans un souci de sauvegarde, et donc de prévention, je vais tenter de mieux faire connaître les phénomènes liés à l’incendie.

Le feu est un phénomène très simple comme il est très simple de l’éviter. Tout d’abord il faut savoir que dans un feu ce n’est pas le combustible qui brûle mais les gaz qu’il dégage. Par exemple, le feu consume par sa chaleur, une bûche  de bois (combustible) en brûlant les gaz qu’il contient. Ainsi le feu chauffe la bûche, augmente sa température qui augmente la quantité de gaz qui finit par s’enflammer, etc… C’est ainsi que le combustible entretien sa combustion.

Un risque d’incendie est donc une condition susceptible de provoquer un incendie ou d’en accroître l’ampleur ou la gravité. Le feu ne peut persister sans alimentation en combustible, une source de chaleur, un apport d’oxygène. Il est donc possible de prévenir les risques d’incendie en éliminant au moins un de ces 3 éléments. 

C’est ce qu’on appelle le triangle du feu          1236331534.gif

Les risques liés à l’alimentation en « combustible » sont les plus faciles à maîtriser étant donné que 21% de l’oxygène est présente dans l’air (comburant). Si les sources de chaleur sont tenues à l’écart de l’alimentation en combustible, les risques sont éliminés. Tous les types d’alimentation en combustible ne s’enflamment pas facilement, mais le mauvais usage des combustibles à des températures extrêmement élevées peut provoquer un incendie. En résumé, si l’un des 3 éléments (chaleur; air; combustible) est absent, le feu est impossible.

Les combustibles se présentent sous l’un des 3 états en la matière, c’est ce qu’on appelle les classes de feux qui sont:

  • Classe A (Feux secs): Les combustibles SOLIDES, bois, papiers, chiffons, cartons, charbon, etc…leur combustion provoque une émission de suie constituée principalement de carbone.

  • Classe B (Feux gras): Les combustibles LIQUIDES, pétrole, essence. Ce sont les gaz émis par le combustible qui brûle. Ces gaz peuvent s’enflammer simplement à l’aide d’une étincelle. 

  • Classe C (Feux gazeux): Les combustible GAZEUX, hydrogène, butane, propane, etc… la réaction d’inflammation est très rapide et provoque  des explosions.

2 autres classes dites « spécifiques » concernent.

  • Classe D: Feux de métaux tels que le sodium, potassium, magnésium, etc….

  • Classe E: Feux d’équipement électrique sous tension (cette classe n’existe plus depuis les années 2000)

    Classe F: Feux concernant les huiles et graisses végétales ou animales (auxiliaire de cuisson).

Mode de propagation: 

Dans un incendie le feu se propage de 2 façons : de la flamme au combustible et par les fumées et gaz chauds. En général ce n’est pas le feu (c’est à dire les flammes) qui est à craindre, mais les fumées qui déplacent le feu par transmission de chaleur. L’incendie se propage à travers les phénomènes de rayonnement de conduction, de convection et de projection.

  • Le rayonnement: Plus un matériau à une température élevée, plus il émet de l’énergie sous forme de rayonnement électromagnétique. Ce rayonnement diffuse de la chaleur à un autre élément (combustible), une partie est réfléchie, tandis que l’autre est absorbée et se transforme en chaleur. Ainsi l’échauffement ou l’inflammation d’un combustible va émettre vers un autre combustible un flux thermique qui sera susceptible de l’enflammer à son tour. D’ailleurs sur la plage, on ressent  la chaleur du soleil  par son « rayonnement » sur notre peau. Le feu procède la même façon.

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  • La conduction: La chaleur se transmet à travers un  objet jusqu’à ce que sa température réussisse à enflammer un matériau ou un gaz situé à travers une paroi par exemple. A titre d’exemple, le manche d’une cuillère métallique qui dépasse d’un plat bouillant va s’échauffer jusqu’à devenir brûlant. Le même phénomène se produit lors d’un incendie.

conduction1.gif

  • La convection: C’est un transport de gaz chauds. La chaleur émise par le foyer chauffe les gaz froids (air environnant) qui deviennent plus légers. Une fois chaud, cet air « chauffé » devient donc plus léger que l’air « froid » et à tendance à monter permettant d’enflammer des matériaux combustibles situés en hauteur. Par exemple lors d’un feu de cave, les fumées empruntent les cages d’escalier, épargnent les étages intermédiaires mais s’accumulent dans les combles, avant de les embraser.

convection.gifpropagation.png

  • Projection: Des objets enflammés ou incandescents peuvent voyager dans l’air, soit emportés par le vent (feuilles d’arbres, papiers ou escarbilles), soit projetés par une explosion. Ces objets peuvent créer de nouveaux foyers à distance, d’où l’utilité d’un pare-feu devant une cheminée à foyer ouvert.

Après les explications, voici la démonstration en vidéo.

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Ci-après deux vidéos, qui ne datent pas d’hier, mais qui expliquent très bien les dangers et les risques de l’incendie. On a rien inventé, nous avons simplement omis de poursuivre le développement de la  culture du risque. Très instructif avec des mots simples…….efficaces.

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 Moyens et procédés d’extinction

  • Moyens: Le moyen le plus connu est sans nul doute l‘extincteur qui permet d’intervenir sur l’ensemble des classes de feu. Ils sont de couleur rouge, de différentes capacités variant de 6 à 9 litres. Ils contiennent soit de l’eau (le plus courant) soit de la poudre, soit du gaz carbonique.

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Leur utilisation est simple et facile mais une chose est à retenir, ils doivent être utilisé dès le début de l’incendie. Pour l’anecdote, une des marques d’extincteurs très connue en a d’ailleurs fait son nom: Service Immédiat Contre L‘Incendie…..(CQFD) D’autres moyens sont disponibles parfois dans certains établissements ou bâtiments, ils s’agit notamment de Robinet d’Incendie Armé (R.I.A), espèce de gros tambour tournant sur lequel on trouve un tuyau avec une lance à son extrémité. Ce sont là les plus répandus, il en existe d’autres, mais je ne parlerai que du plus connu.

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  •  Les procédés: Ils sont très simples, il suffit de supprimer un des 3 éléments constituant le triangle du feu pour parvenir à une extinction. Sur un feu on agit soit par étouffement (suppression de l’air) soit par refroidissement (baisse de la chaleur) soit par inhibition (suppression de contact comburant/ combustible) ou soit par suppression du combustible (dispersion, fermeture de vanne)

Pour utiliser un extincteur il faut:

  • Choisir le bon (voir les sigles correspondant à la classe de feu)

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  • Dégoupiller en ôtant le plombage
  • Percuter en appuyant sur la manette

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  • Viser la base des flammes (à distance raisonnable du foyer)

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Chaque extincteur correspond a une classe de feu. Pour le savoir, il suffit de lire attentivement les sigles présents sur l’appareil, en sachant que généralement ils sont situés près des risques à défendre.

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Pour le particulier, l’extincteur à eau est le plus approprié. Choisissez un appareil à manomètre (pression permanente) cela vous permettra, d’un coup d’œil, de savoir si votre extincteur est « opérationnel ». Pour info, la durée de vie d’un extincteur est de 20 ans et il doit être révisé tous les 10 ans.

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Voilà, il vous reste à développer votre culture du risque en apprenant dès maintenant les bons gestes et d’obtenir la bonne conduite à tenir et vous serez paré…….au cas où.

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Info et démonstration de manipulation d’extincteur sur la vidéo suivante:

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L’EMBRASEMENT GENERALISE

L’embrasement généralisé éclair (Flashover) fait partie des réactions physiques du feu redoutées par les sapeurs-pompiers. Pourtant, de nos jours, les intervenants y sont de plus en plus confrontés. Voici un aperçu de ce qu’il faut savoir sur ce phénomène.

Les conditions favorables à la formation d’un embrasement généralisé:

L’embrasement généralisé se déclenche dans un local bien ventilé, dans lequel il existe un potentiel calorifique minimum (moquette, meubles, canapés, lits,..) permettant au feu de se développer. En somme, il faut que les 3 éléments du triangle du feu soient réunis et en quantité suffisante (voir ci-avant)

Genèse d’un embrasement généralisé:

  1. Le feu se trouve dans une pièce correctement ventilée et commence à se développer.
  2. Les produits de combustion surchauffés s’accumulent sous le plafond et finissent par former une couche de gaz combustible. La présence d’air située au-dessous et la température élevée au niveau du plafond permettent la création de rouleaux de flammes (Roll-over)
  3. La température de la pièce continue d’augmenter et, entre 500 et 700° c, les objets situés à l’intérieur de la pièce se décomposent sous l’effet du rayonnement en émettant des fumées blanchâtres appelées « gaz de pyrolyse »
  4. Lorsque la concentration en gaz de pyrolyse au-dessus des objets contenus dans la pièce est suffisante, c’est l’embrasement généralisé.

Pourquoi ce phénomène est de + en + répandu sur des incendies.??

Il y a encore quelques années, ce phénomène se produisait plus tardivement qu’aujourd’hui. Les pompiers intervenaient souvent avant la formation du phénomène stoppant ainsi l’évolution du feu. Depuis, le potentiel calorifique a considérablement augmenté (mobilier plus important, hifi, vidéo,,…) et la nature de ce contenu a changé ( plastiques, mousses, et moquettes ont remplacé le bois). Si hier il  fallait que 70% du mobilier d’une pièce brûle pour atteindre 600°c de température ambiante, aujourd’hui seuls 30 à 50% suffisent (ex: dans une petite pièce, un canapé en feu peut déclencher le phénomène). Ces matériaux dégagent donc plus de chaleur et brûlent plus rapidement, ce qui permet à l’embrasement généralisé de se produire souvent en moins de 5 minutes..!!! Parallèlement, dans des grandes agglomérations, le temps moyen d’arrivée du 1er engin pompe des pompiers est de l’ordre de 5 minutes. Les secours interviennent donc de + en + souvent au moment où le risque d’embrasement généralisé est le plus grand. 

Ce phénomène n’est pas rare et les pompiers ont appris à maîtriser ce risque, néanmoins l’accident peut toujours arriver. D’autres causes génèrent ce phénomène à savoir le développement durable. En effet, tout est fait pour éviter les déperditions de chaleur dans l’habitat qui a pour but de conserver la chaleur à l’intérieur du logement. On imagine donc assez bien que sous l’effet d’un incendie, la température ambiante monte très vite. C’est l’effet cocotte-minute.

La vidéo suivante, démontrant le phénomène d’embrasement généralisé, est très parlante et je vous invite à la consulter, surtout à l’approche de Noël…..!!!! et observez le chronomètre en bas de l’écran…

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La vidéo suivante compare le niveau de réaction au feu des matériaux présent dans un local:

Le 1er test démontre le niveau de réaction au feu exigé par la règlementation, dans un établissement recevant du public (magasin, théâtre, cinéma, restaurant, discothèque, etc…..)

Le 2ème test, où aucune règlementation n’est exigée……….c’est chez vous.
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A lire également le niveau « d’inflammabilité des canapés » dans la page incendie domestique……très instructifs.

Ah,  j’allais oublier, pensez au(x) détecteur(s) incendie ainsi qu’à l’extincteur………….sans attendre 2015.

 Bruno 

7 commentaires à “Notions sur l’Incendie”


  1. 0 fireconsulting 11 sept 2012 à 9:52

    Bonjour,
    Bravo pour votre remarque. En effet, la classe E n’existe plus mais elle à belle et bien existé jusque dans les années 2000. Depuis une classe F à fait son apparition concernant les feux d’huiles et graisses végétales ou animales (auxiliaires de cuisson) comme vous le soulignez. Merci de votre passage et de votre contribution à la bonne marche de ce blog sur lequel une mise à jour sera effectuée.

    Bruno

  2. 1 gnomos 10 sept 2012 à 8:14

    Bonjour,

    Très bon article bien détaillé et argumenté

    Un seul point me chiffonne ou me tracasse

    Vous citez dans les classes de feux la « E » (Feux d’équipement électrique sous tension/huile et graisses de cuisson)

    Hors la classe E n’a jamais existé.
    Depuis l’incendie du tunnel du Mont Blanc la classe F pour les feux gras d’origine alimentaire a été mis en avant. les extincteurs récents portent l’icône adequat.

    Bonne continuation à vous tous

  3. 2 certification iso 27 oct 2011 à 17:35

    Cet article est trés interressant et en plus carrément bien écrit.

  4. 3 Adétu 26 avr 2011 à 18:38

    Je suis formateur en sécurité incendie….Votre démonstration est claire…c’est magnifique, j’apprends encore et plus…A bientôt

  5. 4 DUVENTVERT 23 jan 2011 à 15:27

    J’ ai peur du feu depuis que j’ai vu ma Maman en torche vivante, A la place d’essayer de l’éteindre, je me sauve devant par cette grande peur depuis. C’est beaucoup de conseils que je ne pourrais pas appliquer. Bisous BRUNO et bon Dimanche

  6. 5 Vivi58 25 oct 2010 à 17:39

    Merci pour toutes ces explications ! On ne rappelle jamais trop comment lutter efficacement contre les incendies

  7. 6 krikrimapuce 14 oct 2010 à 22:22

    WOW Vraiment impressionnant… Merci de tout ça…

    Dernière publication sur La Boite qui Mijote : Quand ça devient concret

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